À l’issue de l’assemblée générale des actionnaires de MGI (la communauté portuaire de Marseille) qui s’est tenue le 21 juin, Denis Liotta a été élu président du conseil de surveillance à la place de Xavier Lassalle, qui a occupé cette fonction pendant 14 années et demeure au conseil en tant que vice-président.
Denis Liotta, déjà membre du conseil de surveillance, dirige Mediaco vrac, qui développe le transit, la logistique portuaire et l’exploitation d’entrepôts au sein du groupe familial marseillais Mediaco. Il est également engagé dans le soutien aux start-ups régionales.
Une réalité qui s’exerce à plusieurs niveaux. Economique dans un premier temps. Puisque l’entrepreneur contribue aux prélèvements collectifs, aux impôts nationaux et locaux, à l’emploi, réinvesti dans le territoire, génère de la richesse qui bénéficie à tous. Plus largement, cette irrigation dans les forces vives du territoire se répercute au niveau social, sociétal et environnemental. L’entrepreneur conscient de son emprise, vise la réduction de l’empreinte carbone, s’approprie les nouvelles technologies et s’engage dans les ENR. Certains s’équipent en panneaux photovoltaïques, d’autres militent pour le covoiturage, et le recyclage…. Plus que jamais la nouvelle génération d’entrepreneur est force de proposition. On le sait, très souvent, le marketing joue son rôle en plein. Personne n’est dupe et les résultats sont là. C’est au cœur de l’entreprise que se profile le changement, avec un entrepreneur acteur d’un nouveau monde régulé par des forces économiques mais soucieux des enjeux environnementaux, c’est le sens de notre histoire européenne.
Mais au-delà, l’entrepreneur engagé, accomplit sa propre transformation, donne le lead aux entreprises à mission, cherche à agréger à ses fonctions une notion d’intérêt général, à activer les leviers qui lui sont propres, par l’amorçage, l’apport des fondations, les entreprises à impact, le rôle des fondations.
C’est sous cette notion mouvante, derrière l’acronyme de cette RSE qui s’invente et se formalise sous de nouveaux aspects que se situent les enjeux d’aujourd’hui et de demain. De mon côté, j’ai choisi une approche large, me permettant d’intervenir sur des sujets à forts impacts sociétaux relatifs notamment à l’éducation.
C’est à ce titre que j’ai mené et mène à bien diverses actions, telles que celles engagées en 2017 au sein de l’OM fondation , ce qui m’encourage à lancer un programme sur l’éducation associant la santé et le sport. C’est aussi dans cet esprit que je me rapproche d’une start up, Edukare créée par Fabien Reynaud, qui encourage le maintien des étudiants méritant dans le circuit scolaire grâce à la mise à disposition de bourses via des partenaires divers. Je souhaite aussi m’engager auprès de l’Ecole de la deuxième chance de Marseille qui effectue un travail formidable toujours dans ce sens, qui m’est cher, de rééquilibrage des chances et de recherche de talents inexploités.
Une pierre d’ancrage pour contribuer à un monde plus juste !
Partager, contribuer… C’est le sens même de l’entrepreneuriat. Cet engagement, j’y crois profondément depuis l’adolescence, puis il a pris forme au sein de l’entreprise dont j’ai la charge. Diriger une entreprise, c’est assurer son avenir, créer son emploi, puis celui d’autres, générer de l’activité dans un secteur, sur un territoire, innover, s’adapter au changement, car le monde change, que l’on pense à la crise sanitaire ou à l’urgence climatique. Etre dans le long terme, éviter cette accélération que l’on nous vend tout le temps, pour être dans du développement durable, tel est le sens de mon engagement.
Se reconnaitre entrepreneur, c’est revendiquer une appartenance, être membre d’un club – même en refusant toute étiquette- qui mise sur l’action, sur l’initiative, pour en faire un moteur. Il s’agit aussi d’en connaitre les limites et accepter les échecs, quelle que soit la définition que l’on en donne. Et prendre ses responsabilités.
C’est dans cet esprit que j’ai souhaité aller plus loin, en investissant du temps, de l’énergie, de l’expérience avec un premier acte de redistribution d’abord effectué au sein de PBA, Netangels lancé en 2011 puis de mon implication au sein de Marseille innovation. Fort de la volonté qui m’anime de « rendre ce qui m’a été donné » j’ai souhaité également m’engager financièrement. Un cercle vertueux puisqu’en soutenant de jeunes pousses, ma pensée a évolué, s’est affinée, et m’a conduit à développer un modèle qui m’a amené vers quelques succès comme Monshowroom.com, Gamned, French Founders ou encore Avisvérifiés.com (skeepers) etc… vers des échecs aussi, parce que c’est le métier. La confiance, voire la candeur ont du bon, on se trompe parfois. Mais un investisseur n’est pas un entrepreneur. Si les profils sont multiples tous se retrouvent dans la prise de risques et dans des stratégies gagnantes. Oui, il faut avoir des résultats perçus comme des succès pour légitimer son action. Mais si j’ai choisi d’intervenir en amorçage, ce n’est pas un hasard, c’est une réponse à une problématique économique et sociale, gagner ce n’est pas juste lever des millions, c’est créer de l’échange, de l’activité, générer de la richesse, de la valeur ajoutée et ne pas oublier de se remettre souvent en question et s’adapter.
Je suis issu d’une génération individualiste, qui a loupé des coches, celui de la politique, celui de l’écologie. Ces urgences sont là. Il faut y répondre et revenir à cette idée de contribution. C’est dans le mécénat, via l’engagement dans des projets d’envergure que j’oriente aujourd’hui mes initiatives. Inspiré par l’exemple de grands entrepreneurs, je suis convaincu que l’entreprise a son rôle à jouer en alliant ses forces et ses valeurs à celles du sport, de la culture, de l’éducation, pour intervenir sur ces fléaux mondiaux que sont la pauvreté, la maladie, les catastrophes climatiques. Assurons, assumons le durable, ayons l’ambition du temps long pour engager une véritable dynamique de changement.
Denis Liotta
Maillon fort de l’écosystème par l’entreprenariat, Marseille Innovation qui accompagne 150 start ups par an et contribue sur ce même laps de temps à la création de 300 emplois, a lancé un fonds d’innovation pour faciliter le décollage des start ups du territoire. A la clé, un prêt d’honneur de 30 000 euros garanti par la BPI et remboursable sous 48 mois. Le premier appel à candidature, pour 6 premières start ups est lancé.
Pour fournir aux entreprises des fonds propres nécessaires à leur croissance, Marseille Innovation, première structure d’accompagnement du territoire avec ses 25 ans d’expérience, 4 sites et 900 start ups accompagnées depuis l’origine, a annoncé la création d’un fonds dédié aux entreprises de son accélérateur. Baptisé « Fonds d’innovation by MI » il permet de délivrer aux porteurs de projet assurant une innovation technologique, des prêts d’honneur de 30 000 euros à taux zéro garantis par BPI France. « Il s’agit du maillon manquant à la chaine de valeur de notre stratégie d’accompagnement, pour permettre aux start ups de disposer sans dilution et rapidement de la trésorerie indispensable à leur démarrage. Ce qui doit permettre de maximiser les chances de réussite » développe Laurence Olivier, Directrice Générale de Marseille Innovation. Mieux, la BPI peut également doubler ce montant ce qui porte l’enveloppe globale pour chaque start up à 60 000 euros. « Ce n’est pas systématique. Cela dépendra de l’instruction du dossier par un jury d’entrepreneurs à succès de Marseille innovation et de ses partenaires » reprend Laurence Olivier. « C’est un outil fait par des entrepreneurs pour des entrepreneurs. Je crois en ceux qui repartagent leur richesse » assure Denis Liotta, président de Marseille Innovation. La structure d’accompagnement qui accueille 50 nouvelles start ups par an dans tous les secteurs de l’innovation, le numérique, la santé, l’industrie du futur, le tourisme ou l’environnement, s’est adossée à l’ingénierie financière développée par Initiative Marseille Métropole. Le fonds dispose d’une enveloppe de 700 000 euros, renouvelée tous les deux ans contractuellement par le Groupe CIC Lyonnaise de Banque et la Banque Populaire Méditerranée. D’autres investisseurs passés par Marseille Innovation sont de la partie, Jump Venture porté par Christophe Baralotto et Michel Feraud, co-fondateurs de Provepharm, le fonds de dotation I force de l’entrepreneur, investisseur et mécène Denis Liotta et celui de la société Enovacom de Cyril Garde, Renaud Luparia et Laurent Frigara. Objectif collectif ? Fournir un effet de levier crédible afin que d’autres organismes de support financier abondent à leur tour. La question de l’amorçage reste en effet délicate pour nombre de start ups. « C’est une activité militante on ne gagne pas forcément d’argent, mais nous souhaitons contribuer au dynamisme du territoire » note Christophe Baralotto. Douze start ups seront sélectionnées en deux temps. Le premier appel à candidatures sur les 6 premières est lancé. Les critères ? Un ancrage régional, un socle technologique, une faisabilité économique et une vision d’avenir. Les prêts d’honneur remboursables d’ici 48 mois pourraient être débloqués dès juin. A vos marques !
Ce serial entrepreneur, devenu investisseur, a été nourri aux lectures de Barjavel et d’Orwell. Il veut faire de la fabrique à start-up, Marseille Innovation, dont il vient de prendre la présidence, un outil d’attractivité territorial.
Denis Liotta l’affirme sans détour. A 45 ans, ce serial entrepreneur a connu plus d’un échec. Mais les revers sont, selon lui, des « armes de construction massive ». « Echouer renforce l’instinct de survie. On apprend à se relever plus vite et à pivoter rapidement pour trouver de nouvelles opportunités de business à son entreprise. C’est une valeur essentielle pour les start-up », explique cet investisseur, cofondateur de NetAngels, qui a pris, cette semaine, la présidence de Marseille Innovation, association privée d’aide à la création d’entreprise.
Sa première entreprise à 23 ans
Ce passionné de science-fiction puise, quant à lui, matière à innover dans ses lectures et séries, notamment pour s’approprier les changements sans peur. « ‘Le Voyageur imprudent’ de Barjavel qui parcourt le passé et le futur pour s’enrichir d’expériences ou ‘Le Cycle des robots’ d’Isaac Asimov ont forgé en moi une mentalité tournée vers la création et l’imaginaire », confie-t-il.
Ainsi, Denis Liotta est encore étudiant quand il créé sa première entreprise, à 23 ans, un spécialiste de la téléphonie. « Je m’ennuyais en sciences éco. L’enseignement était trop conceptuel et très éloigné de nos valeurs familiales », détaille-t-il des premières lignes de son CV.
Une épicerie après le régime noir de Mussolini
Son grand-père avait fui le régime noir de Mussolini et installé une épicerie dans le quartier italien de Marseille. Avec le travail comme force motrice, son père, lui, s’était hissé jusqu’à la direction des transports d’une société de logistique et, au décès de son fondateur, la famille propriétaire du groupe Médiaco lui avait déroulé un tapis rouge pour créer une filiale – Médiaco Vrac – spécialisée dans le transport de conteneurs et le stockage en vrac de liquides.
Bientôt, l’entreprise, née en 1988, se développe. Le jeune Denis y rejoint son frère de quatorze ans son aîné, reprend des cours du soir en comptabilité, et acquiert une usine de production d’huile d’olive. Mais c’est finalement dans celle de pépins de raisin que la fratrie va se distinguer : l’entité devient leader mondial de la spécialité, avec près de 30 % de parts de marché.
De l’huile de pépins de raisin à la mode
Les deux frères investissent aussi dans leur activité historique et finissent par constituer une réserve de stockage de 100.000 m3, proche des quais de déchargement à Port-Saint-Louis-du-Rhône. L’ensemble pèse plus de 100 millions d’euros.
« La vie offre d’étonnantes surprises », sourit cet esprit ouvert, qui se nourrit de rencontres et de voyages. En 2004, il fait la connaissance d’un journaliste qui veut entreprendre. Ce sera Maya Press, sa première réussite en tant que business angel. Et quelques années plus tard, c’est le jackpot auquel rêvent tous les investisseurs : il investit dans les débuts du site de prêt-à-porter Monshowroom.com et multiplie sa mise par plus de 10 en quelques mois. « Avec la confiance que donne ce genre d’aventure, j’ai investi partout et beaucoup échoué. Mais j’ai aussi découvert la valeur du facteur humain. Beaucoup de talents manquent cruellement d’expérience et d’encadrement dans un environnement économique extrêmement mobile, qui nécessite une adaptation permanente », témoigne ce bourreau de travail, qui se ménage de rares moments de ressource auprès de ses proches.
Hôtel technologique, incubateur, pépinière et accélérateur
A la tête de Netangels, qu’il cofonde en 2012, il valide donc un nouveau concept d’investissement qui privilégie la capacité des porteurs de projet à rebondir : le startup studio fournit trésorerie, mentoring et expertises pour valider en quelques mois la rencontre d’un projet avec son marché.
Le modèle de Marseille Innovation en est proche : à la fois hôtel technologique, incubateur, pépinière d’entreprises et accélérateur. Le site a fondé son succès sur une organisation opérationnelle qui gomme les principaux freins au succès des jeunes pousses grâce à un dispositif d’insertion dans l’écosystème entrepreneurial.
Au passage, les entrepreneurs s’appuient sur un pool d’experts (en communication, marketing, finance, propriété intellectuelle…) et sur d’anciens startuppeurs. « Nous allons dupliquer ce modèle et l’enrichir de nouveaux partenariats, notamment avec de grands groupes, pour faire de Marseille une marque attractive pour les start-up », ambitionne Denis Liotta. Cette dernière décennie, Marseille Innovation a accompagné plus de 500 entreprises, qui ont généré près de 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires.